Dimanche 8 décembre, le journaliste Anthony Bellanger nous présentait un excellent reportage sur les Roms. Il y démontrait que l'intégration des Roms était possible avec des exemples concrets et des enquêtes en Allemagne, à Lyon...
Il n'y avait rien à redire, sinon le terme "d'intégration" qui me heurte à chaque fois qu'il est utilisé. Les intentions de tous ceux qui luttent pour l'intégration de minorités sont la plupart du temps louables, mais dit-on, l'enfer est pavé de bonnes intentions...
Je me suis connecté au site de l'émission pour y poster la réponse suivante:
C'est bien de faire comprendre aux gens que les Roms sont plus victimes que nuisibles. Bravo! Cependant, je regrette beaucoup qu'il n'y ait jamais de réflexion sur le sens de "l'intégration". Intégrer, c'est rendre semblable, au mieux adapter, au pire assimiler. Apprendre la langue du pays où l'on réside, c'est pratique. Offrir un logement à tous, c'est un devoir inscrit dans notre Constitution. Éduquer, c'est donner des armes aux plus faibles, si l'on ne tue pas la culture d'origine (comme on faisait jadis en interdisant de cracher par terre et de parler breton!).
Au fait, pourquoi ne parle-t-on jamais de la culture Rom et de ses valeurs: le sens du don et du service, la solidarité, la liberté, l'universalité, et tant d'autres vertus que notre culture de Gadjé a oublié? L'intégration, c'est la plupart du temps le meurtre de ces valeurs pour rendre les Roms semblables à nous. Or, l'expérience prouve que lorsque l'on respecte les valeurs Roms, les problèmes de voisinage, les difficultés matérielles, la précarité disparaît. Il suffit de voir ce qui se passe avec la musique ou le cirque!...
Preuve que l'on ne s’intéresse aux Roms qu'oublieux de leurs sources, c'est le désintérêt que l'on a pour leur langue. Monsieur le blogueur, vous terminez votre excellent reportage en interpellant les Gadjo. Selon la grammaire romani, on dit Gadjo au singulier, Gadji au féminin, Gadjé au pluriel!...
Ma réponse ne passant pas sur le site, j'ai envoyé un mail à Anthony Bellanger et j'ai reçu aussitôt la réponse suivante: "La production de l'émission "Le Blogueur" pour Arte s'est malheureusement arrêtée, et les équipes qui y ont travaillé ont quitté la société."
Pourquoi donc les journalistes les plus intéressants, les plus incisifs, les plus impliqués dans leurs reportages, disparaissent de l'écran si rapidement? La liste en serait longue, de Daniel Schneidermann à William Irigoyen en passant par Paul Nahon et Bernard Benyamin... Partent-ils parce qu'ils sont à l'étroit dans le petit écran mainstream ou les poussent-on vers la sortie pour excès d'intelligence?... Les bons journalistes, comme les Roms, seraient-ils difficiles à "intégrer"!....