Face à la crise qui frappe durement la petite ville de Katérini, une équipe de bénévoles a ouvert un centre médical et pharmaceutique social. Plus de 400 familles de cette ville vivent au seuil de la misère, sans revenus, sans couverture sociale. Parmi eux, de nombreux malades étaient en danger vital par manque de médicaments ou de moyen de paiement. Cette situation n'est pas propre à Katérini. Dans toute la Grèce, le même problème se retrouve, depuis des années, et malgré les sonnettes d'alarmes tirées par les organisations humanitaires grecques et internationales, le gouvernement s'est montré d'une impuissance totale, malgré les subventions européennes censées parer au plus urgent.
Le dispensaire de Katérini, vient de créer en une après midi ce que, ni les ministres de la santé, ni les hôpitaux n'ont jamais réussi à faire: monter un système de suivi en ligne des stocks de médicaments et de préparations disponibles gratuitement.
Depuis un mois, le système fonctionne aux normes informatiques européennes. Sans se déplacer de chez eux, les malades peuvent savoir si le remède dont ils ont besoin est disponible et à quel endroit, dans quelles quantités, quelles sont les dates d'expiration, etc. Une seconde base de données permet de suivre le parcours des médicaments, de les entrer ou les supprimer du stock, d'enregistrer le médecin qui les a prescrits, le patient qui les a reçus.
Le programmeur Ilias Tsolakidis qui a créé cette infrastructure en une après midi a déclaré: «C’est une insulte pour le ministère de la santé : une équipe de bénévoles est arrivée à mettre en place un dispositif qui a permis de résoudre un problème qui touchait les hôpitaux depuis des années. Car, nous savons tous que leurs entrepôts étaient plein de médicaments dont personne ne savait qu’ils étaient-là et qui, finalement, expiraient avant qu’on en achète de nouveaux»,
Les bénévoles du centre social de Katérini ne se sont pas contentés de faire la nique au Ministre localement. Ils mettent leur expérience au service de tout le pays, sollicitent les solidarités européennes pour la collecte de médicaments. Chacun de nous peut récolter les boites de médicaments entamées qui trainent dans nos tiroirs, en faire un paquet et les envoyer par la poste à l'adresse suivante:
KOINONIKO IATREIO/FARMAKEIO KATERINIS
Fleming 8 (Kapnikos Stathmos)
60100 KATERINI (GRECE)
(Les facteurs grecs n'étant pas forcément coutumiers de notre écriture cursive, prenez soin d'écrire l'adresse en lettres majuscules).
Pour plus de renseignements vous pouvez consulter le site okéanews
Si vos amis ou votre pharmacien veulent entrer directement en contact avec le dispensaire de Katérini, leur appel est en ligne.
Si vous voulez plus de précisions sur la catastrophe humanitaire de la Grèce à l'heure de la Présidence de l'UE et de la soi-disant sortie de crise, lisez greekcrisis now
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Ce qu'ont fait ces bénévoles de Katérini est exactement ce que proposent les militants de la "Désargence". Hors d'un système monétaire, avec une gestion informatisée des ressources, le Monde pourrait enfin résoudre la plupart des problèmes réputés insolubles tels que la faim chronique de quelques millions d'humains, la croissance face à l'épuisement des ressources naturelles, le chômage endémique, les inégalités croissantes, etc.
Si vous désirez approfondir ce parallèle entre l'initiative de Katérini et le projet de la "Désargence", vous pouvez voir les sites suivant
- http://www.desargence.org/spip.php?page=plan
Post scriptum: Je sors de l'officine de mon pharmacien qui m'a expliqué l'impossibilité de récolter des médicaments hors des circuits habituels. En France, c'est l'association à but non lucratif Cyclamed qui est chargée de la collecte des Mnu (médicaments non utilisés). L'inefficacité de cette association est remarquable (11% seulement des Mnu récupérés et 5% seulement qui sont redistribués dans le cadre humanitaire!). Il faut donc se résoudre à admettre que 89% des médicaments non utilisés soient incinérés.
Le législateur justifie ce gaspillage par des arguments fallacieux:
- Les posologies ne sont pas toujours lisibles par des étrangers
- Beaucoup de dons de médicaments ont été par le passé jugés inadéquats par rapport aux besoins locaux
- Les législations nationales ne sont pas toujours conformes aux normes OMS
- Les risques de détournement et de trafic ne sont pas contrôlables
- La chaîne de conservation ne peut être respectée dans le cadre de dons bénévoles.
Plus sérieusement, les lobbies pharmaceutiques font des pressions constantes pour interdire cette concurrence déloyale...
Il faut aussi savoir qu'au terme de la loi du 21.03.2013, le don de médicaments par des particuliers vers l'étranger peut être assimilé à une exportation illégale.
Reste donc l'initiative individuelle et discrète si l'on veut aider concrètement les bénévoles de Katérini. Si l'on a l’État que l'on mérite, quand donc mériterons-nous de n'en plus avoir!