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Photo emprunté à Behzad Yaghmaian (The Globalist)

Photo emprunté à Behzad Yaghmaian (The Globalist)

Behzad Yaghmaian, a publié un article sur The Global, repris par Okeanews, et que je reproduis à mon tour, avec une immense colère envers le Monde fou dans lequel nous vivons...

Sabria Khalaf est une vieille dame de 107 ans, réfugiée syrienne à Athènes. Elle a deux filles et de nombreux petits-enfants et arrière-petits-enfants qui vivent en Allemagne depuis des années. Son fils est resté au pays pour s'occuper d'elle. Tous deux ont dû quitter leur maison et fuir la violence de la guerre civile. Ils ont donc pris la route de la Turquie et ont passé des mois dans le ghetto pour migrants d'Istanbul. Un passeur a fini par les prendre à bord d'un bateau en compagnie de 90 autres migrants à destination de l'Italie. Ils ont voyagé enfermés à fond de cale durant trois jours par forte tempête. Les objets qui s'y trouvaient glissaient d'un bord à l'autre, l'eau s'engouffrait dans la pièce, le carburant se répandait sur les passagers, au point que Sabria perdit connaissance. Le bateau se retrouve coincé non loin d'Athènes et un jeune réfugié afghan réussit à forcer la serrure de la cale et, armé d'un couteau, oblige le capitaine à appeler de l'aide. Deux bateaux des gardes-côtes grecs ont pu secourir les passagers.

Depuis, Sabria et son fils partagent un appartement sale et délabré, loué par un autre réfugié syrien. Sabria a tenté de partir en avion à l'aide d'une fausse carte d'identité allemande. Elle a été rattrapée et poliment renvoyée chez elle. Son état de santé ne lui permet plus de prendre un bateau clandestin vers l'Italie et encore moins de passer à pied la frontière serbe. Elle est donc condamnée à attendre un visa de regroupement familial en Allemagne, ce qui n'est pas spécialement rapide. Elle devra sans doute mourir à Athènes sans avoir revu sa famille. "Je suis malade. Je n'ai plus beaucoup de temps. Je veux mourir entourée de ma famille. C'est tout ce que je demande à Dieu" a-t-elle déclaré à Behzad Yaghmaian lorsqu'il lui a rendu visite.

Sabria est le miroir de nos échecs collectifs!

Comment se fait-il qu'aucun homme politique, aucun fonctionnaire de l'immigration, aucun élu ne soit capable de fournir rapidement un visa pour l'Allemagne à cette femme et à son fils?

Comment se fait-il que les nombreux réfugiés syriens, afghans, africains, maghrébins qui peuplent les rues de la capitale n'en fassent pas une idole, le symbole de leur propre drame et ne la portent pas en triomphe sur un char jusqu'à la frontière serbe?

Comment se fait-il qu'aucune association grecque n'ait pris cette femme en charge, au moins pour lui fournir un abri décent, quelques soins et une nourriture saine?

Comment se fait-il que les lecteurs d'Okéanews (un seul a mis un commentaire sur le blog pour dire "dur dur! que peut faire sa famille allemande...?"), qu'un seul lecteur depuis le 11 février ait écrit un commentaire sur le site de The Global?

Qu'aucun média français n'ait, à ma connaissance, relayé l'information pour susciter une action quelconque?

Comment se fait-il que nous apprenions seulement maintenant l'histoire de cette vieille dame qui croupit depuis plus trop longtemps à Athènes?

Nous vivons un monde de fous. Le fric a tout pourri. On nous a imposé le traité de Maastricht, puis de Lisbonne, au nom de la paix, de la solidarité, de la croissance, du plein emploi. Seule voie possible et raisonnable, nous a-t-on dit? Honte à l'Europe qui ment aussi effrontément! Honte à la Grèce qui érige un mur à sa frontière au lieu de d'aider Sabria! Honte à nous tous Européens qui n'arrivons même pas à vaincre l'inertie administrative et laissons crever cette dame loin de sa famille! Honte à notre siècle qui, pour la première fois dans l'histoire, a les moyens matériels et techniques de nous sortir du piège infernal de l'argent roi, de la pénurie, des inégalités!

PS: Behzad Yaghmaian, que je remercie vivement pour cette alerte, est professeur en politique économique au Collège Ramapo dans le New Jersay (USA).

Tag(s) : #Coup de gueule