J’ai pris grand plaisir à écouter, de notre Président de la République, la pathétique diatribe anti-souverainiste et pro-réfugiés devant le Parlement de Strasbourg du 7 octobre dernier. Méconnaissable notre cher “Hollande 1er, dit Le Mol” ! Ce fut si beau, si convaincant, qu’il en a oublié de ponctuer son discours des habituels “heu”, et que je n’ai pas résisté longtemps au besoin d’en retranscrire la substantifique moelle :
« Nous ne pouvons pas demander aux pays qui sont à la frontière de l’Europe de payer pour tous les autres, parce que ce serait injuste, parce que ce serait insupportable. Alors, si nous ne voulons pas du renforcement de l’Europe, alors il n’y a qu’une voie et elle a été entendue. Moi, j’ai entendu ce qu’a dit M. Nigel Farage : « La seule voie possible pour celles et ceux qui ne sont pas convaincus de l’Europe, c’est de sortir de l’Europe. Tout simplement, il n’y a pas d’autre voie », et celle-là, elle est terrible : de sortir de l’Europe, de sortir de l’euro, de sortir de Schengen et même si vous pouvez de sortir de la démocratie, parce que parfois, en vous entendant, je me pose même cette question. Est-ce que vraiment, vous voulez participer à un espace commun ? Eh bien, ce que j’appelle ici, ce n’est pas l’abandon de la souveraineté, c’est la souveraineté, et la souveraineté n’a rien à voir avec le souverainisme. La souveraineté européenne, c’est être capable de décider pour nous même et d’éviter que ce soit le retour aux nationalismes, aux populismes, aux extrémismes, qui nous imposent aujourd’hui d’aller dans un chemin que nous n’avons pas voulu… »
Voilà plus de cinq ans que la Grèce supporte des arrivées massives d’émigrés, que l‘Europe s’en fiche, trop occupée à piller tout ce qui peut l’être dans cette néo-colonie. Je suppose que monsieur Hollande pensait aussi à la Grèce quand il a parlé des “pays qui sont à la frontière de l’Europe”. Si donc la situation est injuste, pourquoi n’a-t-il pas proposé de délivrer de cette charge, ne serait-ce que l’une des petites îles, telle que celle de Lesbos qui alerte la communauté internationale depuis des mois ? Si c‘est insupportable, comment fait-il pour supporter en silence, et depuis le début de son mandat, les rapports des humanitaires sur les flux de migrants à Athènes, Patras, Igoumenitsa, Thessalonique… ? Comment fait-il pour dormir dans son palais élyséen sans entendre les cris des séquestrés des camps “dits de rétention” comme celui d’Agmygdaleza ? La Cour Européenne ne l’a-t-elle pas averti quand elle condamnait la Grèce, déjà exsangue financièrement, à 1,5 millions d’euros pour violation des droits relatifs à la détention des migrants ?
Allons, ne nous fâchons pas pour quelques pouilleux même pas chrétiens ! Il y a des sujets plus consensuels et plus porteurs sur le plan électoral ; au hasard : les souverainistes et les eurosceptiques. Là, monsieur Hollande fut beau ! Hors de l’Europe, point d’espace commun, point de démocratie. Hors de l’Europe, il n’y a que nationalisme, populisme, extrémisme. Au fait, le démocrate Hollande n’a-t-il pas voté le traité de Lisbonne que 55% des Français avaient refusé ? Ne continue-t-il pas à soutenir le TAFTA pourtant dénoncé par 3 263 920 citoyens européens (chiffre provisoire au 09.10.2015). Le populiste Hollande n’a-t-il pas déclaré “mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance” (discours du Bourget en janvier 2012), puis confié les cordons de la bourse à Michel Sapin pour qui “notre ami, c’est la finance” (discours d’Aix-en-Provence de juillet 2014) ?
Mais je réserve l’Oscar de l’hypocrisie pour le passage suivant : “La souveraineté européenne, c’est être capable de décider pour nous même”. Pourquoi donc soutient-il l’Europe quand elle envoie des fonctionnaires occuper tous les ministères grecs, quand elle exige qu’aucune décision législative ne puisse être prise par le gouvernement d’Athènes sans l’aval des créanciers et des proconsuls étrangers ? Sans doute a-t-il voulu cacher sa propre dépendance aux multinationales, aux USA, à la chancelière allemande qui prétend dicter son “poing” de vue à tous…
A force de mentir avec autant de sincérité, monsieur Hollande, vous arriverez à ce que plus personne ne soit en mesure de croire qui que ce soit. A force de contorsions intellectuelles, l’éthique politique s’efface au profit des pires délires. Au fait, ce père fondateur de l’Europe, Walter Hallstein, qui fait les choux gras de quelques souverainistes, était-il un nazi convaincu recyclé par les Américains ou un authentique démocrate ? La politique nous brouille la vue….