/image%2F0470876%2F20160907%2Fob_602ceb_trucoast.png)
Qui connait Trucost ? Qui a vu le logo de cette entreprise ? Qui a lu un article publié sur le sujet par un quelconque média ? C’est vraiment par hasard que je tombe sur un rapport réalisé par Trucost en 2013*. C’est avec beaucoup de mal que je cherche, sur des sites (exclusivement en anglais), qui sont ces gens, qui les financent. Trucost (en français vrai prix) est une société anglaise qui fait des estimations sur les coûts cachés de l'utilisation non durable des ressources naturelles par les entreprises. Or, ses conclusions sont sans appel : « …si la collectivité ne payait pas pour elles, les grandes entreprises ne réaliseraient tout bonnement aucun profit. Et la note est salée : 7300 milliards de dollars. De quoi mettre en faillite tout un système. » Ceci explique sans doute qu’aucun média ne semble s’y intéresser. Les présidentielles sont à l’évidence un créneau plus “porteur”…
Mais comment Trucost chiffre-il sérieusement les conséquences des activités industrielles ? Il suffit, disent-ils, de se pencher sur les externalités négatives qu’elles génèrent. Une externalité est un impact conséquent à une activité qui n’est pas officiellement reconnu par celui qui le génère, donc ne se répercute pas sur le prix. Les multinationales sont devenues, à force de lobbying, des experts dans l’exploitation de ces externalités. Ceci leur permet de « camoufler » les coûts réels de leur production par exemple, en exploitant l’environnement. L’étude de Trucost intitulée “Natural capital at risk. The top 100 externalities of Business” va, de manière inédite, chiffrer ces externalisations.
Pour ce faire, 100 critères de mesures liées à l’environnement ont été dégagés à cette fin, classés dans 6 catégories : utilisation de l’eau, utilisation des sols, émissions de gaz à effet de serre, pollution des déchets, pollution des sols, pollution des eaux. Et le résultat est édifiant : le coût d’externalité est estimé à un total de 7300 milliards de Dollars (6456 milliards d’Euros environ), soit 13% du PIB mondial de l’année 2009. Si les industries conventionnelles devaient prendre à leur charge la réparation des dégâts provoqués par leurs activités, aucune ne réaliserait de profit. Dans certains cas, le coût environnemental excède parfois très largement le chiffre d’affaires de l’entreprise : l’industrie du bétail en Amérique du Sud a un impact environnemental estimé à un coût de 353, 8 milliards de dollars… pour un chiffre d’affaires de « seulement » 16, 6 milliards. Un autre exemple célèbre est Nestlé, qui pompe, sans limite et à un tarif dérisoire quoique non connu, les eaux de Californie, alors que l’État est en proie à des sécheresses de plus en plus fréquentes, et les revend à ceux-là même qui sont lésés par ses activités. Les dégâts provoqués par les sécheresses se chiffrent annuellement à quelque 4 milliards de Dollars, selon les chiffres de l’année 2012 et la situation s’empire.
Le rapport de Trucost met en évidence que les États acceptent volontiers la dégradation environnementale et déresponsabilise les industries les plus nocives. La population a-t-elle donné son accord ? Ne sommes-nous pas en face d’une faillite camouflée d’un système dans son ensemble ? Nombre d’États et institutions supra-étatiques se font les soutiens d’un capitalisme mondialisé. Sans eux, il se serait nécessairement réformé par lui-même car incapable de faire face aux conséquences écologiques de ses activités. Plus clair encore, les prix des produits de consommation de masse sont en réalité falsifiés et nivelés, au détriment à la fois des travailleurs et des écosystèmes.
Si l’on prolonge cette réflexion vers une recherche de solutions possibles, on ne voit guère qui pourrait renverser la vapeur puisque les puissances politique et financière sont de connivence pour que rien ne change. On ne voit pas plus comment, puisque nous avons le choix entre une économie sans rapport avec la réalité et une faillite mondiale, entre une consommation payée par les seuls consommateurs ou une décroissance incontrôlée et contrainte. Que pensent les économistes de cette faillite réelle du système, camouflée par l’exploitation du plus grand nombre et le massacre de la planète, jusqu’à l’explosion finale que nul ne veut voir ni même imaginer ?
Une fois de plus, cette désargence qui fait rire les uns, qui effraye les autres, répond à toutes les alertes de la société Trucost. Sans l’obligation de faire des profits financiers, rien n’empêcherait enfin de calquer l’activité humaine sur les possibilités que lui donnent la nature et la technologie et sur les contraintes réelles qu’exige notre reproduction matérielle. Mais l’évidence n’est pas un créneau porteur !!!
* L'information a été trouvée sur un blog qui m'était inconnu et que je remercie: Mr Mondialisation