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Réacteur à fusion froide expérimental.
Réacteur à fusion froide expérimental.

                L’accès à l’énergie est la condition sine qua non du développement des sociétés. C’est le charbon, puis l’électricité qui ont permis la révolution industrielle ; c’est aussi la fin des énergies fossiles peu coûteuses qui bouleverse l’économie mondiale ; c’est souvent pour le contrôle du pétrole ou du gaz que des guerres éclatent ; c’est pour des questions énergétiques que certains manquent de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux… C’est aussi par cette énergie, consommée sans modération dans les pays riches, que le climat se détraque, que la biodiversité s’étiole, que les déserts avancent…

                Face à cela, une poignée de scientifiques nous annoncent qu’il existe un moyen simple et économique de résoudre tous ces problèmes, "la fusion froide". Il s’agit d’un procédé offrant une énergie quasi gratuite, non polluante. Elle s’adapte à toutes les échelles, de la voiture électrique particulière (qui munie d’une batterie serait livrée avec un carburant à vie) à l’industrie lourde hautement consommatrice d’énergie. Il en serait fini des énormes centrales de production, des problèmes de stockage et de transport de l’électricité. On trouve sur le Net de nombreuses vidéos expliquant comment fonctionne théoriquement la fusion froide, les procédés techniques qui permettraient d’exploiter cette théorie, les obstacles qui s’y opposent. Tout y est…,  sauf que d’autres, tout aussi savants, tout aussi respectables, nous disent qu’il s’agit d’un canular, de fausses expérimentations n’ayant d’autre but que de permettre à de sombres inconnus aigris de briller en société, voire à des escrocs de vendre du vent.

                Qui croire ? L’Histoire est pleines d’idées soit disant géniales qui se sont avérées scientifiquement stupides et d’idées soit disant farfelues qui se sont avérées géniales. Le premier qui a imaginé des ordinateurs portables accessibles au commun des mortels a fait rire toute la communauté scientifique ! Quand il s’agit d’une invention susceptible de résoudre autant de problèmes écologiques, économiques, sociaux, sanitaires, sécuritaires…, il serait bon que le débat soit enfin ouvert, sans anathèmes, sans partis pris, pour trancher entre un projet d’avenir ou un canular farfelu. La fusion froide peut-elle sauver le monde ou n’est-elle qu’un rêve d’alchimistes voulant changer le plomb en or ?

                A l’évidence, les intérêts qui empêchent cette clarification sont du domaine de la finance, du pouvoir, de l’égo et non du bien commun. La mise au point d’une énergie propre, renouvelable et quasiment gratuite mettrait en danger les lobbies pétrolier, gazier, nucléaire. Elle risquerait fort de renverser radicalement la vision centralisatrice et globalisante du monde que l’énergie actuelle induit, ce qui aurait d’immenses conséquences politiques et idéologiques. Il est donc logique que les chercheurs travaillant à la fusion froide soient privés de subventions, interdits de publication,  dénigrés sans même qu’une expertise réellement scientifique soit énoncée. Si ces chercheurs ont raison, il faudra attendre des décennies pour que l’on accepte de vérifier leurs travaux et d’en expérimenter la faisabilité. S’ils ont tort, leur idée folle perdurera autant que celle du mouvement perpétuel qui depuis l’antiquité alimente la crédulité des rêveurs.

                La fusion froide est la parfaite illustration des limites qu’imposent au progrès la nécessité des profits financiers, les calculs marchands de la valeur des biens et du savoir. Le pouvoir de l’argent empêche autant sinon plus qu’il ne permet. Quel entrepreneur ayant investi des milliards dans une technologie accepterait facilement de voir se développer une autre technologie concurrente ? Quel chercheur ayant défendu toute sa vie une idée avouerait sans rechigner que d’autres sont en passe de rendre son idée obsolète ? Quel intellectuel admettrait que ses croyances passées étaient fondées sur une fausse vision de la réalité ? Une société libérée de la concurrence entre chercheurs, de la marchandisation du savoir, des conflits d’intérêts entre le privé et le commun, mettrait rapidement les choses au clair ! En attendant qu’une crise économique, écologique ou politique majeure nous contraigne à sortir du paradigme monétaire, à envisager une société a-monétaire, seule la base, la masse des anonymes et des sans voix  peut contraindre  l’establishment à ouvrir ce genre de dossier.

                C’est sans aucun doute la force qui nous est donnée grâce au numérique. La parole se démocratise en ce sens que n’importe qui peut réclamer des éclaircissements sur des questions aussi fondamentales que la fusion froide, la désargence, la démocratie, que n’importe qui peut s’autoriser à penser, à exprimer un avis, à exiger d’un expert qu’il se prononce, à critiquer celui qui cherche à étouffer un débat… Les médias nous abreuvent de nouvelles dérisoires (les excès d’un footballeur), alarmantes (le terrorisme), dramatiques (les trains qui déraillent), les politiques nous enfument avec des programmes cosmétiqués au gré des alternances, les économistes nous embrouillent avec des  pseudos lois que la réalité contredit, les futurologues nous font peur avec l’effondrement de la civilisation ou, au contraire, nous annoncent un paradis transhumaniste. Mais nous avons le droit de savoir puisque, avec le Net, nous en avons le pouvoir. L’économie mondiale va-t-elle s’effondrer vers 2030 comme nous le prédisent de nombreux intellectuels ? La fusion froide va-t-elle résoudre la fin du pétrole, réduire les inégalités entre pays riches et pauvres, répondre aux enjeux climatiques ? L’argent est-il vraiment nécessaire pour les échanges entre les hommes ? Notre système politique est-il la fin de l’histoire ou la dernière tentative de replâtrage avant le grand retournement ? Devons-nous être optimistes et imaginer d’autres paradigmes ou pessimistes  et se préparer aux dystopies hollywoodiennes ?

                Ces sujets et quelques autres encore devraient envahir l’espace numérique et seule le citoyen lambda peut le faire, individuellement ou par petits groupes de pression. Serons-nous, avant  qu’il ne soit trop tard, plus nombreux à les poser qu’à les éviter ? That is the question… 

Tag(s) : #Innovations, #énergie, #Désargence