Macron emmerde tout le monde avec sa promesse de campagne : “Je souhaite que chaque jeune français ait une expérience de la vie militaire…”, souhait qu’il faut associer avec son célèbre “Je fais ce que je dis…” Depuis c’est la pagaille dans les rangs, la troupe n’est plus au pas, les adjudants macronistes donnent des informations contradictoires. Sera-ce un service obligatoire ou un service “obligatoire mais pas au point d’envoyer les gendarmes chercher les réfractaires” comme le dit la ministre des armées ? Sera-t-il d’un mois ou deux ou six… ? Pour une préparation militaire, une éducation à la citoyenneté, une incitation à l’engagement… ? Jupiter seul le sait, et encore… Peut-être sa femme… ?
Au fond, peu importe ce que nos politiciens vertueux nous préparent. On sait déjà que le but est de militariser la société, d’une façon ou d’une autre, de nous inculquer une culture de la guerre, comme avant 1914, comme avant 1939. La peur est salutaire et fait accepter tous les sacrifices, même celui que l’on dit “suprême”. Jadis, c’était la grande bourgeoisie qui avait peur de la Révolution. Elle a donc œuvré pour que les “Rouges” français et allemands s’étripent joyeusement entre eux. C’est ça la culture de guerre : transformer tous les pacifistes bêlants en farouches défenseurs de la patrie, tous les révolutionnaires de gauche en derniers remparts du totalitarisme, du communisme, de l’Empire… Peu importe de quoi d’ailleurs, pourvu qu’ils s’entretuent au lieu de prendre le pouvoir. Aujourd’hui, les gouvernants sentent bien que leur légitimité décline, les possédants sentent bien que la prochaine crise pourrait leur être fatale, les grands industriels savent bien qu’ils ne pourront pas éternellement extraire, gaspiller, produire, polluer à tout va sans accélérer la venue d’un grand effondrement. Vite, diffusons la peur, glorifions nos armées, alarmons le peuple sur le terrorisme, les déclinistes, les complotistes, les souverainistes… Que les pauvres s’entretuent une fois de plus ! Ça écoule les stocks, ça relance la production, ça réduit la population et les parts de gâteau, et ça se termine avec de beaux marchés pour la reconstruction.
A propos, un livre vient d’être édité aux Éditions Libertaires : “Civils, irréductiblement !”. Il retrace l’histoire de l’objection de conscience de 1964 à 1969. La célèbre grève de la faim de Louis Lecoin a abouti au vote de la première loi sur l’objection de conscience, en décembre 1963. S’en est suivi des années de luttes pour préserver un service qui soit authentiquement civil, puis pour certains, un refus total de servir… Cette histoire méritait d’être exhumée des mémoires et des archives, surtout dans le contexte actuel qui pourrait bien nécessiter une nouvelle génération d’objecteurs. La JDC (Journée Défense et Citoyenneté) ne suffisait pas, il fallait un retour à une vraie militarisation. La relève sera sûrement au rendez-vous !