
L’anthropologue Panagiotis Grigoriou vient de publier sur son blog “Greek-Crisis” un article intitulé “Prostitution politique“ qui mérite d’être lu par les Français au moment où un eurodéputé du parti Debout la France accuse l’État de préparer le rattachement de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne. En effet, j’ai entendu quelques commentateurs faire le lien entre le traité signé par Macron et Merkel et celui signé par Tsipras et Zoran Zaev au sujet de la Macédoine. Ce n’est pas en faisant une telle “salade” que nous y verrons plus clair ! L’article de Greek Crisis arrive à point et je vous en fais un résumé si vous n’avez pas le temps de le lire en direct. C’est aussi une bonne occasion de remettre les pendules à l’heure au moment où les européistes béats nous affirment que la Grèce est sortie de la crise, que tout va pour le mieux. Panagiotis qui suit quotidiennement cette crise grecque depuis 2011 est plus réaliste, et nous explique l’état d’esprit actuel :
« Nous arrivons à un point de rupture… Tsipras, en plus d’avoir une opposition populaire de 80% n’a plus de majorité au Parlement. Le parti ANEL qui formait une coalition avec Syriza a fait sécession…
« Vers la fin de la semaine ou durant la semaine prochaine, l’accord Macédonien de Tsípras devrait être voté par le Parlement, ce qui équivaut à offrir, à terme, du territoire national aux voisins Slaves de l’ex République Yougoslave de Macédoine…
« Donc, il y a le feu… Désormais à Athènes, c’est la lutte finale... Le Putsch permanent de la gouvernance austéritaire a pleinement tourné en Occupation, pour livrer l’essentiel de la souveraineté, de l’histoire et de l’identité hellénique aux puissances étrangères.
« Radio Pirée déclare : …il va falloir nous battre pour notre liberté, comme à chaque fois que nous étions en guerre, car nous sommes en guerre… Donc c’est le peuple qui se doit d’agir alors seul pour prendre les choses en main, pour défendre à la fois la démocratie, la patrie et sa liberté…
« Les médias internationaux n’évoquent jamais l’irrédentisme officiel et agressif très ouvertement affiché par les représentants de l’ex République Yougoslave de Macédoine (FYROM). L’ambassadeur de Macédoine au Canada, vient d’y prononcer un discours en posant devant la carte de la Macédoine unifiée -celle du Nord et celle de la Grèce… (je rappelle que cet irrédentisme, c’est-à-dire la volonté de récupération par un pays, de toutes les populations vivant dans des conditions analogues, est inscrit dans la Constitution de la Macédoine du Nord)
« Reconnaitre ainsi ce pays sous le nom de Macédoine du Nord est fort dangereux et c’est tout le contraire de l’apaisement dont se réclame Tsípras. Nos voisins Bulgares et Serbes le savent et nous font part de leur inquiétude.
« Le maire de Meneméni (banlieue de Thessalonique) a déclaré : Nous pouvons affirmer que le peuple, celui ayant déjà prononcé le NON au referendum de 2015 que Tsípras a trahi, c’est pratiquement le même peuple largement majoritaire qui descend dans les rues actuellement partout en Grèce, pour s’opposer à cet accord comme à ce gouvernement.
« Quelque chose dans l’air du temps est en train de changer… Dans toutes les villes du Nord de la Grèce, au soir du 15 janvier, des affiches ont fait leur apparition, et on y découvre les photographies des élus SYRIZA pro-accord, accompagnées de la question: “Alors, tu vas trahir notre Macédoine ?”
Certains députés ont déjà reçu des menaces de mort sérieuses…
« On entend de plus en plus dans les rues et cafés des phrases du genre : “Après tout, dans une guerre, il y a des morts des deux côtés, non ?”
« Ce 16 janvier 2019, l’hyper-caisse des privatisations chargée de la liquidation des biens de la Grèce au profit des funds et autres rapaces institutionnels de l’UE, vient de saisir la Haute Cour de Justice à Athènes pour confirmer le contrôle de la Caisse sur les 2.329 biens grecs à caractère archéologique, sites, musées, voire des îles entières comme Spinalonga, Makrónissos, voire Délos… (Il faut savoir à ce sujet que le gouvernement maintenait jusqu’à la semaine dernière que c’était par erreur que ces biens à caractère archéologique avaient été inclus dans la liste des privatisations !)
« La question ce n’est plus pour qui voter, mais comment balayer, d’un coup, tous les partis politiques au moyen d’un gouvernement de salut national mais qui n’incarnera pas une réponse autoritaire pour répondre à une question désormais totalitaire…
« L’universitaire Chrístos Yannáras, dans son éditorial du “Kathimeriní” (un grand quotidien mainstream), estime que “tous les partis politiques devraient cesser de gouverner et qu’un gouvernent composé de sages devrait alors prendre les commandes pour deux ans, sous le contrôle toutefois du Parlement”
« Le processus est en cours, sans que l'on sache trop avec qui ou par quoi il peut se déclencher…, conclut notre ami anthropologue ! »
Au mois de mai prochain, je repartirai en Grèce. Retrouverai-je le pays en pleine guerre civile ? Devrais-je m’équiper d’un casque et d’un gilet pare-balles ?....
PS : Je rappelle deux choses aux lecteurs potentiels de Greek Crisis : notre ami blogueur a besoin d’une aide financière pour continuer son blog et pour ceux qui voudraient voir la Grèce telle qu’elle est et non selon Moscovici, il organise des visites accompagnées tout à fait passionnantes et instructives.