Je viens de découvrir le projet Unité Humaine. Étonnant ! Cette alternative collaborative, communautaire, éthique…, propose ni plus ni moins de réinventer l’eau tiède, l’échange marchand, la monnaie, la valeur, le salariat, la capitalisation…, bref, tout ce qui a constitué le capitalisme. Je vous propose de visionner cette courte vidéo et de lire en même temps sa traduction en langage monétaire:
« Ce site web de salariat coopératif monétarisé propose un service payant de petites annonces (il y aura des frais de gestion, d’hébergement, de matériel…), pour donner gratuitement de l’argent ou bénévolement du temps et des savoirs, pour échanger des choses de valeur équivalentes (bien sûr pas une heure de guitare contre une journée de plomberie), pour louer moyennant loyer ou prêter contre rémunération en points (en valeur euros).
Il permet de vendre des savoirs, des compétences, des biens ou de les monnayer contre d’autres savoirs, biens, compétences. Plus vous faites circuler l’argent par ces échanges et plus vous accroissez votre capital. Si la communauté reconnait la valeur de vos propositions, elle vous récompense par des primes. Le travail sera appelé mission ou bonne action, le salaire sera appelé gain de jeu. Chacun pourra participer selon son désir (on est libre de rester sur son canapé à jouer sur son smartphone, puisque à aucun moment, il n’est fait mention de nécessité de payer pour manger, se loger, s’habiller, se chauffer, se soigner).
Quand Pierre prend son premier cours de guitare chez Sophie, il gagne un euro de prime d’investissement et Sophie gagne une “prime d’installation”. C’est un rapport gagnant-gagnant. Celui qui manque de ressource (qui n’a pas assez d’argent pour obtenir le service ou le bien qu’il convoite), il peut s’investir en réalisant quelque chose, à condition bien entendu de trouver preneur pour son temps ou sa compétence). Faute de quoi, il doit faire ceinture.
Tout travail et tout salaire doit être validé par la direction pour être comptabilisé en euros. La communauté peut donner son avis pour déterminer qui mérite plus que l’autre. Il faut bien un peu de rigueur budgétaire et de compétition, il faut bien reconnaître les qualités productives et donc des inégalités de ressources. Le peuple votera pour les meilleurs projets qui obtiendront alors le financement qu’ils nécessitent. Comme il n’y aura plus de conflits d’intérêt (abolis par décrets), cela pourra se passer joyeusement, dans le salon, un verre à la main.
Les plus généreux pourront donner de leur temps et travailler gratuitement. Ils toucheront pour cela des subventions prises sur les impôts de tous. Le tout est d’avoir le plus possible d’échanges, d’activité, d’argent qui circule, c’est-à-dire de la croissance. Plus les membres favoriseront cette circulation d’argent, plus ils seront riches, c’est ce que l’on appelle la “co-autonomie”. Bien sûr la richesse est récompensée à hauteur de la place sur le podium.
Cela permet à ceux qui ne sont pas sur le podium de comprendre comment les gagnants ont fait pour réussir, d’espérer que quelques miettes vont leur parvenir, de réaliser qu’ils sont les seuls responsables puisqu’il suffit de le vouloir pour être nominé. »
Quelle belle communauté humaine ! L’envie me prend de me lancer dans le “United Communauty way of live” ! C'est le tragique contre-sens de nombre d'alternatives qui veulent une société équitable, durable, en se contentant de remplacer l'argent contre de l'argent déguisé en points, en heures, en bits.... On change quelque chose pour que rien ne change... Je crois qu'il faudra attendre un grand effondrement pour que l'on cesse de ruser dans le système, de se leurrer de faux-semblants...
Mais comment en vouloir à ces jeunes entrepreneurs d’alternatives quand, au plus haut niveau de l’Etat, on organise un grand débat national pour que rien ne change, sinon le sens des mots, en camouflant le tout par quelques petites avancées dérisoires ?...