
Ce terme d’islamisme s’opposant à l’islam traditionnel désigne clairement une dérive intégriste. Pourtant le suffixe –isme attaché à d’autres religions ne donne pas ce sens. Catholicisme ou judaïsme ne désignent pas un intégrisme mais l’ensemble des catholiques, des juifs. Pour ces deux religions, on parle pour préciser d’un catholicisme intégriste ou de judaïsme orthodoxe.
Pourquoi cette appellation d’islamisme qui introduit de facto une confusion ? Pourquoi ne parle-t-on pas tout simplement d’un islam intégriste ou orthodoxe pour le démarquer de l’islam ? Et en premier lieu, quand ce terme est-il apparu ?
Il semble que l’islamisme soit synchrone avec l’apparition des mouvements musulmans intégristes en France et plus exactement avec ce que l’on a appelé “l’islam politique” né de la confrontation entre cette religion et la modernité occidentale. Très clairement, cet islam politique se réfère à la Charia, dans une lecture littéraliste des textes. Deux explications peuvent être données à l’apparition de ce terme ambigu : Soit il vient des Européens par manque de connaissance de l’islam, soit des islamistes eux même qui profitent largement de la confusion sémantique. S’il s’agit d’une erreur des Occidentaux, on peut la comprendre puisque qu’il est courant de qualifier d’islamique tout ce qui relève de l’islam (l’art, la poésie et quantité de pratiques) et que l’équivalent chrétien catholicisme ne stigmatise aucun des courants chrétiens. Mais il est possible aussi que le terme ait été vulgarisé par les musulmans eux-mêmes pour se démarquer des fondamentalistes qui ont apporté la rigueur et la terreur dans la plupart des pays se référant à l’islam. Les occidentaux l’auraient alors repris sans l’analyser. S’il s’agit d’une volonté consciente, d’un calcul stratégique des musulmans intégristes, il faut alors reconnaître que la vulgarisation du mot était habile. Grâce à la confusion qu’il véhicule, la porte des amalgames est désormais grande ouverte. Quiconque critique l’islamisme devient islamophobe et un islamophobe s’apparente très vite au racisme. C’est le même type de confusion sémantique qui a fait passer dans le camp du racisme et de l’antisémitisme tous ceux qui osent critiquer la politique de l’État d’Israël.
Quand on commence à jouer avec les mots pour les charger de sens qu’ils n’ont pas naturellement, les ennuis généralement commencent. Et à voir comment les Islamistes-intégristes-djihadistes avancent avec patience mais obstination dans les structures sociales d’un pays de tradition laïque et démocratique comme la France, on peut légitimement s’inquiéter. Il y a une telle dichotomie entre l’esprit de la Charia et l’esprit français que les textes qui fondent notre société n’ont pas été prévus pour répondre à cette situation, même la loi sur la laïcité qui est si souvent remise en cause et qualifiée d’obsolète. Et les islamistes jouent allègrement sur cette carence de nos textes.
L’affaire du voile est symptomatique de cette tactique d’infiltration propre à l’islam politique que l’on nomme Islamisme. Le voile n’est jamais qu’un bout de chiffon que toute femme a le droit de porter au nom de sa liberté d’expression si chère à nos valeurs républicaines. Ce n’est donc pas le signe ostensible d’une religion. Pourtant, ce foulard est identifiable comme radicalement différent de ceux que portaient Brigitte Bardot et Catherine Deneuve. Là aussi, la confusion règne quand on appelle foulard un hidjab. Le Hidjab ne vient pas des pays d’origine des musulmanes vivant en France, les Saoudiennes et les Iraniennes étant loin d’être majoritaires. Le hidjab était parfaitement inconnu dans le Maghreb avant l’arrivée des Frères Musulmans, encore plus dans l’Afrique noire musulmane. Si ce voile nommé hidjab était purement culturel ou s’il ne faisait que manifester une croyance religieuse comme le turban des Sikhs (qui lui n’induit aucun prosélytisme), peu en porteraient en France et personne n’en parlerait.
Porter un hidjab est clairement la déclaration que l’on se réfère à l’islam intégriste, lequel met ouvertement la Charia au-dessus de la Loi républicaine. Il eut donc été logique de l’interdire sur tout le territoire français. Le jeu habile qui consiste à mélanger les registres et à brouiller les cartes a abouti au fait que toute interdiction renforce la conviction des porteuses de hidjab, qu’elle apparaît comme une atteinte aux droits fondamentaux des femmes, comme de l’islamophobie. Interdire l’accès d’une université à une femme couverte d’un hidjab, serait traiter comme un délit ce qui, généralement, est avant tout une erreur grossière. Ces mêmes femmes qui se verraient appliquer à la lettre les termes de la charia seraient les premières à hurler au scandale. Je porte un voile qui me désigne comme islamiste bien plus que comme musulmane mais je réfute toute assimilation avec les préceptes de cet islamisme. Cherchez l’erreur.
Ce qui s’est passé pour le port du voile, se passera pour les accès réservés aux femmes à la piscine, à l’hôpital, puis sur les plages, puis dans certaines administrations, sans qu’aucun de ces domaines ne motive dans la société française de réaction, même pas chez les musulmans qui pratiquent un islam absolument compatible avec la République, ce qui est peut-être le pire… Il y aura alors des lieux en France où une femme non voilée sera bastonnée, voire lapidée, pour avoir enfreint ce code vestimentaire, comme en Iran, en Afghanistan ou en Arabie Saoudite. Ce jour-là, une Justice appliquant les lois de la République et châtiant les bourreaux pourrait bien déclencher de vraies émeutes religieuses qu’il sera difficile de circonscrire.
Je viens de lire un texte de soutien aux femmes voilées, dont voici quelques extraits commentés :
« Un Ministre nous dit : “le voile n’est pas souhaitable dans la société”. Ces propos, précisément, ne sont pas conformes au principe de laïcité qui établit l'obligation de neutralité de la puissance publique! Ils participent à nourrir la stigmatisation des musulmanes. Ils encouragent de fait l’exclusion des femmes voilées de la vie scolaire… »
Le voile n’est pas souhaitable dans la société parce qu’il signifie et approuve la soumission de la femme à la domination du mâle, ce qui est contraire à l’idée d’égalité des sexes. Donc, dire que la critique du voile est une stigmatisation et une exclusion des musulmanes, c’est approuver le fait de promouvoir une idée inégalitaire, c’est accepter que des femmes soient inférieures à l’homme.
« À l’occasion de cette agression [La femme interpellée par un député LREM], de multiples propos visent à jeter le soupçon sur les personnes d’appartenance religieuse musulmane, à nourrir la division et la haine envers elles : ils sont intolérables. D’autant plus intolérables que la stigmatisation des femmes voilées se fait sous couvert de la défense de l’égalité entre les femmes et les hommes ! »
Ce n’est en tous les cas pas ce que disent les musulmanes d’Iran, d’Arabie Saoudite et d’ailleurs qui prennent le risque fou d’ôter leur voile en public (risque de coups de bâton ou de fouet généralement mortels ou de prison pendant des années). Qui est dans l’erreur, la Française qui se voile ou l’Iranienne qui se dévoile ?...
« En tant que féministes, nous sommes vigilantes au sujet du contrôle permanent qui est exercé sur nos corps, nos tenues vestimentaires ou sur notre présence dans l’espace public. »
Comment passe-t-on de la critique du voile au contrôle du corps de la femme ? Qui contrôle le plus, celui qui prône la femme libre de montrer ses cheveux ou celui qui voit dans les cheveux libres un signe de débauche ?
« On ne défend pas la cause de l’émancipation des femmes en les empêchant d’assister aux conseils régionaux, de travailler à des postes visibles (hôtesses d’accueil, vendeuses…), de se syndiquer, d’aller à la plage ou de participer à la vie scolaire. »
Quiconque contrevient aux règles communes d’un pays prend le risque de s’exclure lui-même de certains lieux ou circonstances. Il est admirable de voir comment ces contrevenantes tentent de se faire passer pour des victimes, comme si un voleur portait plainte parce qu’on osait lui interdire de s’accaparer un bien privé !
« Nous continuons de nous organiser pour aider, soutenir, accompagner toutes les femmes, voilées ou non voilées, pour lutter contre toutes les discriminations, les violences et les inégalités, et contre tous les racismes. »
Continuez donc, braves féministes, à lutter contre ceux et celles qui s’opposent aux discriminations des islamistes, qui s’inquiètent de leurs violences, qui se défendent contre les inégalités dans le Maghreb, le Proche-Orient ou la France. Mais ne venez pas pleurer ensuite quand vous serez vous-mêmes discriminées, battues, soumises aux dictats des mâles…
A l’inverse, je vois dans la presse que Kahina Bahloul, la première femme imame de France, affirme que « le port du voile n'est "pas une obligation religieuse". Elle-même ne porte pas le voile. Kahina Bahloul a lancé il y a quelques jours une campagne de crowdfunding dont le but est d'ouvrir une mosquée "libérale", dans laquelle hommes et femmes pourront prier côte à côte, et où les temps de culte seront dirigés de manière paritaire. “Dans les lieux de culte traditionnels, la salle de prière principale est dédiée aux hommes et ça ce n’est plus acceptable au 21e siècle", a-t-elle également déclaré au micro de RMC. »
Kahina Bahloul ne dit pas autre chose que moi. Elle est donc islamophobe (un comble pour une Imame) et raciste (étonnant pour une Française d’origine kabyle)…
Une pétition circule actuellement émanant de musulmans non intégristes :
« Ces femmes [portant le hidjab] sont de plus en plus nombreuses, car l'influence des prédicateurs extrémistes est très forte… Il nous est apparu urgent à nous autres, Français de culture ou de confession musulmane, humanistes progressistes et féministes, de prendre la parole publiquement.
Il est grand temps que nos compatriotes sachent que le port du voile ne fait pas l'unanimité, chez "les" musulmans… Il ne relève pas du culte, contrairement au jeûne du Ramadan ou aux cinq prières quotidiennes. Il n'est pas un "signe religieux" puisque l'islam réprouve tout fétichisme matériel. L'islam se vit dans le cœur, pas sur la tête…. Nous, signataires de ce texte, affirmons haut et fort, que le port du voile est le signe ostentatoire d'une compréhension rétrograde, obscurantiste et sexiste du Coran… Voiler les femmes, c'est stigmatiser leur présence dans l'espace public. Faire d'elles des citoyennes assignées à la scandaleuse identité de "subordonnées au désir supposé des hommes"… Le sexisme et la diabolisation du corps des femmes sont contraires à nos idéaux… nous affirmons ici que c'est bien le voile qui stigmatise les femmes… Nous nous désolons de voir ces 90 Français faire l'amalgame entre DES musulmans orthodoxes obsédés par le corps des femmes, et LES musulmans tout court…. Ces musulmans intégristes donnent une telle importance à cet accessoire sexiste créé dans l'Antiquité, qu'ils en ont quasiment fait le 6ème pilier de l'islam.
Alors de grâce, soutenez les Françaises et les Français de confession ou de culture musulmane qui se battent contre cette terrible vague néoconservatrice, venue des pays du Golfe arabo-persique, il y a 30 ans. »
Vous, les Français, généralement ignorant de l’histoire de l’islam et de ses textes fondateurs, écoutez plutôt les femmes imames, les musulmans qui luttent contre l’intégrisme. Les musulmanes qui se sont laissées prendre par les sirènes des imams intégristes sont dans l’erreur. Il ne s’agit pas de leur interdire de se tromper, cela en ferait des martyrs et cela transformerait leur erreur en délit, ce qui serait incompréhensible pour elles. Il s’agit de leur démontrer qu’elles ont été trompées, abusées, et ce pour des motifs qui n’ont rien à voir avec la religion.
Vous, les gens de gauche, attachés à la liberté d’expression, à la compréhension des délinquants plutôt qu’à leur exclusion, vous êtes tombés dans le piège islamique et vous êtes en train de défendre une vision dictatoriale du monde. Peut-être est-ce un “retour du refoulé”, simple réaction à l‘heureuse extension du féminisme… Je n’en sais rien, mais je sais que vous vous trompez de combat. De grâce, défendez plutôt Nasrin Sotoudeh, l’avocate iranienne condamnée à 10 ans de prison et 148 coups de fouet pour “incitation à la débauche” (en français “ôter ostensiblement son voile en public”), lisez plutôt Wassyla Tamzali, écrivaine algérienne auteure de “Une femme en colère : Lettre d'Alger aux Européens désabusés”, allez plutôt soutenir les jeunes femmes qui portent le voile à seule fin de ne pas être agressées par les hommes de leurs quartiers… Cela vous laissera, je pense, encore un peu de temps pour lutter contre le libéralisme ravageur, l’effondrement annoncé de notre civilisation industrielle, les inégalités sociales qui mondialement se creusent !...