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         Sur tous les médias s'étalent de plus en plus la peur d'une entrée dans un cycle inflationniste. Les uns proposent des solutions pourtant expérimentées de nombreuses fois sans succès. Les autres  veulent nous rassurer en rappelant les nombreuses crises inflationnistes qui ont été résolues (Russie en 1917, Allemagne en 1922, Hongrie en 1945, Argentine en 1980,  Zimbabwe en 2000, etc.). Il est peut être temps de faire un petit point.

L'Inflation:

Selon les dogmes capitalistes, c'est une baisse de la valeur relative de la monnaie suite à une injection abusive de monnaie dans le système monétaire. La masse monétaire doit logiquement représenter la richesse du pays (le fameux gâteau). S'il y a plus de monnaie que de valeur produite, la valeur de la monnaie baisse. S'il y a moins de masse monétaire que de richesse, les échanges commerciaux sont bloqués faute de liquidités suffisantes. Tout est dans l'équilibre entre la masse monétaire et la production, comme le montre l'image ci-dessus. La crise financière de 2008, la crise Covid de 2020, la crise énergétique actuelle ont entraîné des injections massives de monnaie, pudiquement appelées "quantitative easing". Nous entrons dans une spirale inflationniste nous disent la plupart des économistes.  

Les solutions:

- Indexer les salaires sur l'inflation permet d'équilibrer en permanence la balance "valeur de la monnaie/richesse produite" (ce qui est techniquement possible, la Belgique le fait depuis des décennies). Mais c'est sans fin, et le sera jusqu'à l'absurdité.

-  L'austérité ou la relance, ont été assez expérimentées pour savoir que cela ne suffit pas. Dans les deux cas, si l'inflation continue d'augmenter, on entre inéluctablement dans une spirale inflationniste mortelle, ce que l'on appelle une "hyperinflation". Toutes les grandes hyperinflations  ont été résolues par l'intervention de grandes puissances économiques (Royaume Uni, USA…) ou par celle des instances internationales (FMI, banque mondiale). Or, l'inflation actuelle est mondiale, conséquence de la globalisation de l'économie. Il n'y a donc plus de solutions… 

Les questions

  1. Le calcul de l'inflation est largement faussé par "bidouillage" des chiffres:

                Comme pour le chômage ou le panier de la ménagère, il est possible de truquer la réalité pour diviser par deux, voire trois, le pourcentage réel de l'inflation par rapport au PIB. Quand on nous annonce une inflation de 7%, il est raisonnable de comprendre 14% d'inflation réelle. Mais aucun État  ne peut dire une vérité auto-réalisatrice. Certains pays européens ont déjà une inflation évaluée à +10% (Espagne, Pays-Bas, Pologne…), d'autres à +15% (Tchéquie, Hongrie, pays Baltes). Or, tous les économistes sont d'accord pour dire que l'hyperinflation commence à partir de 25% et qu'au-delà, elle est incontrôlable. On y est déjà si l'on double les chiffres officiels…

  1.  L'inflation affecte plus vite et plus fortement les plus pauvres que les plus riches:

                Ce qui affecte la vie quotidienne des individus, ce sont les dépenses contraintes vitales (nourriture, logement, chauffage, mobilité, impôts…). Or, la part de ces dépenses contraintes est énorme pour un smicard, minime pour les plus riches. Des journalistes nous disent que "les riches vont perdre leur fortune, les pauvres vont voir leurs dettes diminuer!" A l'évidence, c'est une contre-vérité propre à rouler le bon peuple dans la farine.

  1.  Idéologiquement, une minorité de puissants instrumentalisent l'inflation pour faire accepter leur vision du monde bien connue sous le vocable "Great Reset"

                Puisque les plus riches supporteront mieux l'inflation, leur pouvoir va augmenter sur les plus pauvres. Il est évident à la lecture des travaux de Schwab et Consorts qu'ils ont bien compris la leçon de l'histoire et qu'ils n'ont plus qu'à peaufiner "l'emballage": faire passer l'idée qu'ils œuvrent pour l'écologie et le social et que la perte de pouvoir des peuples c'est le prix à payer pour leur survie.

  1. Le dogme purement financier de l'inflation ne tient pas compte de l'énergie

Il a en effet été conçu en période d'énergie abondante et peu couteuse, ce qui n'est plus le cas. Or la richesse d'un pays (le gâteau) est directement liée à ses capacités énergétiques. Le coût actuel du gaz, du pétrole, de l'électricité va susciter une diminution du gâteau alors qu'il y a déjà trop de masse monétaire par rapport au gâteau, en France comme sur la moyenne mondiale. Le problème global semble quasiment insoluble et met en péril le système lui-même.

Conclusion:

Comment les économistes les plus contestataires, les plus atterrés, arrivent-ils à proposer des solutions internes au système qui a produit cet état de fait? Comment évitent-ils de chercher des solutions hors cadre monétaire? Comment soutiennent-ils encore des "banques éthiques" (Gaël Giraud), des caisses sociales de redistribution (Bernard Friot) ? Nous sommes dans le même genre de problème que celui de l'environnement, du climat. Comment fait-on pour évoquer un maximum de +1,5 degré d'ici 2 100 quand on sait qu'en 2030, ce seuil sera déjà dépassé? Comment fait-on pour préconiser les douches plutôt que les bains quand on sait que d'ici une décennie l'eau potable manquera en France? Comment font nos Sénateurs actuels pour réfléchir au "Revenu Universel"  quand le prix d'un pain risque de se compter en millions d'euros d'ici peu, comme les timbres poste allemands de 1922 estampillés 2 millions de marks? Est-ce du déni, de l'enfumage, une fuite en avant vers un conflit mondial?...

La seule solution est de s'attaquer au système monétaire lui-même, de penser autrement la circulation des biens et services, de passer de l'échange marchand à l'accès, de la propriété privée aux communs, de l'argent à une civilisation postmonétaire. L'économie moderne est un "système complexe" qu'on ne peut réformer morceau par morceau (la finance, l'écologie, les inégalités, etc.). On l'accepte jusqu'au bout "quel qu'en soit le prix" ou on en sort. Qui aujourd'hui ose affirmer que le seul réalisme est d'abolir l'argent, le marché, la salariat? Qui démontre que c'est possible techniquement? Qui prend le risque de penser "postmonétaire" ? En réalité, de plus en plus de personnes, dans de plus en plus de pays, venus d'horizons culturels les plus hétérogènes, mais sans pouvoir. Comme le chantait Pierre Péret dans Lilly,  "Viens ma petite sœur, en s'unissant on a moins peur, des loups qui guettent le trappeur"!

Tag(s) : #Economie