Le hameau de la Figuière sur la commune de Rieussec dans les hauts Cantons biterrois, a été acheté puis réhabilité par un citoyen hollandais pour en faire un site touristique haut de gamme. Jusque-là, rien à dire, sinon qu’une fois de plus, le tourisme prend le pas sur la vie agraire. En 2012, pour des raisons de santé, le propriétaire abandonne son projet et le hameau de la Figuière retrouve son statut de jachère ! Un beau gâchis, car le site est splendide et ses 60 hectares de terre pourraient nourrir plusieurs familles. Il y a un an environ, un groupe d'une vingtaine d'écolos ont investi le lieu déserté pour développer une agriculture biologique, un lieu de répétition de musique et un garage alternatif…
Christian, un ancien “zadiste” de Sivens, dans le Tarn, témoin direct de la mort de Rémy Fraisse, Rudy, Amandine et tous leurs amis sont des personnages dignes de “Regain” ! Ces femmes et ces hommes expriment dans une évocation poétique leur espoir d’un aboutissement heureux dans leurs efforts pour “reconquérir leur vie”. “Nous avons prévu une production vivrière pour tendre à une autonomie alimentaire, ainsi qu’un échange local. C’est pour cela que nous sommes intéressés par un bail emphytéotique”, explique Rudy. Au lieu d’un juste bail qui aurait pu se négocier dans l’intérêt de tous, le propriétaire porte plainte et demande l’expulsion des squatteurs.
Le référé d'expulsion de l'ancien centre de vacances ayant été prononcé en septembre, la vingtaine d'occupants et leurs animaux ont eu un mois pour quitter les lieux qu’ils occupaient depuis plus d'un an. Les gendarmes de l'Hérault sont intervenus ce mardi 24 au matin. La propriété privée est sacrée, elle ne peut être mise en cause par des énergumènes, trois enfants dont un scolarisé au village voisin, quelques poules, âne, pintades…, et Gertrude ! Vous ne connaissez pas Gertrude ? C’est une truie. Elle a survécu à la ZAD de Sivens et voilà que les forces de l’ordre veulent à nouveau la déloger…, sans même lui offrir un nouvel HLM ! Le préfet, lui, est satisfait : "L’opération s’est déroulée dans le respect du droit et a permis au propriétaire de reprendre possession de son domaine." Gertrude n’a rien pu faire et pour cause. Étaient présents sur les lieux, le sous-préfet, le colonel, commandant le région de gendarmerie du Languedoc-Roussillon, son adjoint le lieutenant-colonel commandant la compagnie de Béziers, l'escadron de mobiles de Nîmes..., 40 gendarmes des brigades des alentours, la brigade de recherche cynophile, deux vétérinaires, des déménageurs pour transbahuter le matériel des jeunes... Une telle scène de théâtre, avec plus de 120 acteurs et figurants pour quinze personnes et Gertrude ? Une telle dépense pour le contribuable au seul motif que ces individus ne respectent pas les lois de la République ? Est-ce sérieux !
Oui c’est sérieux, car si l’occupation et l’usage de biens privés laissés à l’abandon est toléré par le pouvoir politique, économique, judiciaire, c’est tout le système qui s’écroule. On a laissé le peuple démolir la Bastille et 230 ans après, on en voit encore les conséquences : le hameau perdu de La Figuière a failli reprendre vie après des années d’efforts pour le rendre inutile et d’énormes investissements financiers pour en faire une jachère. Sans la vigilance du propriétaire, sans la droiture de la justice et le dévouement de la préfecture, le hameau aurait pu produire des salades, des œufs et des enfants heureux. Une vulgaire truie du nom de Gertrude aurait pu donner naissance à quelques portées maléfiques et pousser les survivants des communes alentour à s’adonner à leur passion immonde pour le saucisson de montagne sans chimie. Le monde de l’argent est sauf, merci messieurs les juge, préfet, sous-préfet, gendarmes…
PS: Le ci-devant Collectif de la Figuière a une page Facebook pour ceux qui veulent suivre l'aventure...